La méningite est une préoccupation de santé publique mondiale et de façon particulière au Tchad. Le pays figure dans la ceinture Africaine de la méningite, une zone où les épidémies de méningite sont assez courantes. En 2024, le Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS) avec l’appui de la Meningitis Research Foundation (MRF) et du Wellcome Trust, a réalisé une étude visant à faire un état des lieux des capacités du Tchad en matière de surveillance génomique, d’identifier les lacunes existantes et de proposer des recommandations pour guider les décisions de santé publique.
« La surveillance génomique est l’analyse génétique des bactéries qui causent la méningite. Elle est mentionnée comme un pilier clé de la feuille de route de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour vaincre la méningite d’ici 2030. L’étude que nous avons réalisée s’inscrit justement dans le cadre de cette feuille de route. Il était question pour nous de définir les capacités, les forces et les faiblesses qui vont permettre la mise en pratique d’une surveillance génomique de la méningite. », Dr Kanny Diallo, chercheure associée au CSRS et investigatrice principale de l’étude sur l’analyse situationnelle de la chaîne de valeur pour la surveillance génomique de la méningite au Tchad.
Les résultats de l’étude ont été présentés au cours d’un atelier de restitution qui s’est tenu le 24 avril 2025 à Ndjamena, la capitale du Tchad, en présence du secrétaire général adjoint du Ministère Tchadien de la Santé Publique et de la Prévention, Dr Mahamat Hamid Ahmat. Il a souligné l’importance des données collectées dans le cadre de l’étude et s’est dit convaincu que les travaux qui découleront de l’atelier de restitution contribueront significativement à la lutte contre la méningite.
Une trentaine de personnes provenant d’institutions Tchadiennes de santé y compris des laboratoires, centres hospitaliers, d’instituts de recherches et d’Organisations Non Gouvernementales (ONG) ont participé à l’atelier. Répartis en trois groupes de réflexion (médecins, décideurs et techniciens de laboratoire), ces derniers ont examiné les résultats de l’étude, fait des observations et des recommandations en vue d’améliorer la chaine de valeur (les étapes du prélèvement des échantillons à leur analyse) pour la surveillance génomique au Tchad.
Pour un renforcement de capacités techniques et matérielles
Les résultats de l’étude et les discussions qui ont suivi leurs présentations font état d’un besoin de renforcement de capacités au niveau des équipements mais aussi en termes de compétences pour les professionnels de la santé.
« Une formation spécifique au séquençage des bactéries de la méningite mais également un recyclage des acteurs qui sont à toutes les étapes de la chaîne, du prélèvement de l’échantillon jusqu’au séquençage, est nécessaire pour pouvoir optimiser cette surveillance génomique. », affirme Dr Kanny Diallo.
Pour Dr Kadidia Gamougam, Point focal pour la surveillance de la méningite au ministère Tchadien de la santé. « L’étude réalisée met en exergue des laboratoires au Tchad qui ont des capacités pour faire l’analyse génomique. Si ces laboratoires ont le nécessaire, ils peuvent faire le travail sur place. Cela réduit le temps et permet de prendre des décisions très rapides pour la surveillance de la méningite. Tout ceci peut contribuer à l’atteinte de l’objectif de vaincre la méningite au Tchad à l’horizon 2030. »
Autre défi à relever parmi tant d’autres, est celui « du transport des échantillons des hôpitaux de district vers le laboratoire national de référence », comme l’indique Dr Djimtebaye Djimtola, Médecin en fonction à la Direction de la lutte et de la surveillance épidémiologique des maladies évitables par la vaccination.
Emmanuel Dabo/ASCA