Le Centre Suisse de Recherches Scientifiques ( CSRS) en Côte d’Ivoire a abrité la séance de clôture du projet « Médias sociaux et perceptions publiques de la chaleur dans la ville d'Abidjan, Côte d'Ivoire » financé par Université du Witwatersrand (Wits Rhi), basée à Johannesburg en Afrique du Sud.
Porté par le Dr. Iba DELY, le projet a pour objectif de comprendre les perceptions des populations à travers les fréquences et les effets rapportés dans les médias sociaux des vagues de chaleur dans la ville d’Abidjan. Pour enfin définir les seuils de température à partir desquelles les populations sont susceptibles de tenir compte des alertes à la chaleur.
Les vagues de chaleur sont considérées comme un risque pour la santé et sont susceptibles d'augmenter en fréquence, en intensité et en durée en raison du changement climatique. L’une des solutions pour limiter les effets des vagues de chaleur sur la santé est la prévention à travers les systèmes d’alerte précoce. Cependant, la mise en place de ce type de système, nécessite une bonne compréhension des perceptions, connaissances, attitudes, des pratiques et des croyances des populations à l’égard de la chaleur. Pourtant, en Afrique, les recherches sur les perceptions du public de l'impact des vagues de chaleur sur la santé sont rares et celles utilisant les données des médias sociaux font cruellement défaut.
A l’entame, le Directeur Général du CSRS, Prof Koné Inza a exprimé son enthousiasme de la tenue de cet atelier dont la thématique dans un contexte de réchauffement climatique est une réalité qui affecte le bien-être et la santé des populations, il a aussi félicité les partenaires techniques et financiers ainsi que l’équipe dirigée par le Prof. Cissé Guéladio, chef du projet HE²AT qui s’inscrit dans une dynamique de l’excellence. Il a ajouté : « L’excellence n’est pas qu’une distinction, c’est du travail, de la persévérance et de l’éthique ! On n’atteint pas l’excellence, on tend vers l’excellence ! » Il a souhaité que les conclusions de ce projet puissent nourrir des réflexions et surtout amener vers des actions résilientes.
A sa suite, Dr. DElY Iba - porteur de l’étude a présenté les différentes étapes réalisées lors du déroulement du projet, la méthodologie, et les résultats obtenus.
Il en ressort que les premiers signes d’une forte chaleur sur les utilisateurs des réseaux sociaux sont :
-des plaintes d'inconfort (difficultés à dormir, etc.)
-Inquiétude sur les fortes chaleurs
-Crainte d’une augmentation des maladies liées à la chaleur (déshydratation, hypertension).
-Préoccupation pour les groupes vulnérables (enfants, personnes âgées, malades chroniques).
-Inquiétude face à la perturbation des activités quotidiennes et professionnelles.
-Inquiétude liée à l’augmentation des factures d’eau et d’électricité
-Messages humoristiques et Messages publicitaires
L’analyse des données issues des médias sociaux indique que la période comprise entre janvier et mai correspond aux mois les plus chauds de l’année. Cette tendance est corroborée par les résultats de l’enquête menée auprès des ménages, renforçant ainsi la validité des observations.
Le seuil de vigilance est fixé à une température ressentie de 37,2 °C. Le seuil d’alerte est atteint à 38,5 °C, celui de l’alerte renforcée à 39,2 °C, et enfin le seuil d’urgence est atteint à partir de 39,9 °C.
Les résultats probants de cette étude ont suscité de vives réactions de la part de l’auditoire, composé d’acteurs communautaires, de chercheurs ainsi que de représentants du ministère de la Communication, du ministère de la Transition numérique et de la Digitalisation, et d’institutions telles que la SODEXAM et l’INS et OMS Afrique, présents à la fois en salle et en ligne lors de la phase des questions-réponses. Plusieurs propositions ont émergé, notamment celle de prolonger l’étude afin d’en renforcer la pertinence, en élargissant l’analyse à l’incidence sur certaines pathologies telles que le diabète ou le VIH/SIDA.
En effet, il est de plus en plus évident que l'analyse des données des médias sociaux et des comportements de recherche en ligne peuvent fournir des informations utiles sur le lien entre la chaleur et la santé. Certaines études, dont une en Inde, ont démontré que l'augmentation des échanges liés à la chaleur à partir des médias sociaux est en corrélation avec la mortalité liée à la chaleur bien mieux que les indicateurs traditionnels basés sur le climat. Le volume quotidien d'utilisateurs de Twitter et de messages s'est révélé être un indicateur précieux de l'impact des vagues de chaleur au niveau local, dans les zones urbaines
Pour le Professeur Cissé Guéladio, les données de la SODEXAM, partenaire privilégié dans la lutte contre le changement climatique en Côte d’Ivoire, constituent une source essentielle. Toutefois, il a souligné que les réseaux sociaux représentent également un moyen pertinent de collecte d’informations, car ils sont représentatifs des perceptions des populations. Il a confirmé que cette étude s’inscrit dans une dynamique visant à développer divers outils et à mener plusieurs actions simultanées pour mettre en place un système d’alerte efficace, objectif clé du projet HE²AT. Ce projet illustre un modèle de collaboration entre le Centre Suisse de Recherches Scientifiques et l’Université Péléforo Gon Coulibaly, représentée à l’atelier par le Professeur Vanga.
Le mot de clôture a été délivré par le prof Cissé Gueladio, pi du projet HE²AT
Dans le contexte général du changement climatique, il est projeté une augmentation des phénomènes de vagues de chaleurs qui pourrait impacter la santé des populations en Côte d’Ivoire. Ces résultats contribueront in fine au développement d’un système d’alerte précoce pour la chaleur dans la ville d’Abidjan.
K3A